L’art est … Au lieu de laisser entendre que Platon rejette un certain genre de poésie, il serait donc plus exact de dire que, dans n’importe quelle création, il y a un aspect dont il admet ou non l’utilisation sur le plan social, sans pour cela en juger la valeur intrinsèque en tant que forme belle. « L’Italie et la Sicile ont eu Charondas et nous Solon ; mais toi, dans quel état as-tu légiféré ? Mais elle ne trompait pas les hommes puisqu’ aussi bien ils admiraient la ressemblance. Troisième série, tome 54, n°42, 1956. pp. Toute la première partie du livre X de la République, à tout prendre, est une gracieuse démarche du philosophe qui libère avec une souveraine et ironique élégance le poète et l’artiste en général de l’hypothèque que faisaient peser sur son activité les arguments du livre III ; de cette infériorité manifeste où on serait obligé de le tenir si son art était purement imitatif. Il devrait être chassé comme un malfaiteur, un charlatan d’autant plus funeste qu’il est plus habile. Si le créateur était jugé sur le sujet qu’il emprunte, c’est alors, mais alors seulement, que toute sa technique se réduirait à bien imiter l’objet. Si le peintre fait un lit (République, 596 b), c’est d’une certaine manière. Que le Messie vienne et fonde un âge d’or, voilà qui est beaucoup moins vraisemblable : suivant l’attitude personnelle de celui qui est appelé à juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les équivalents d’une idée délirante. Mais cette science n’atteint son but que dans la mesure où la foule ignorante est incapable de faire le départ entre l’embellissement et la chose embellie, dans la mesure où elle reporte sur le sujet lui-même la beauté des cadences originales qui constituent l’oeuvre d’art. On ne laissera pas les poètes médire des dieux, fussent-ils aussi vénérés qu’Homère ou qu’Hésiode : La foule ne comprend pas le sens caché du mythe. La formation cristalline renvoie dans l’œil à une ... L’illusion sur laquelle nous allons présenter quelques vues ... Temps de lecture : 20 min Partagez cet l'article. L'illusion est le résultat d'un jugement humain erroné sur l'existence d'une chose perçue. Le troisième livre de La République nous parle d'une utilisation rationnelle, réfléchie, de l'œuvre d'art par le législateur qui met au service de la cité la séduction de la beauté plastique et littéraire. La restriction est d’importance et laisse entrevoir la portée véritable de la comparaison. Est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qu’il paraît tel qu’il paraît ; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ?” Platon, La République, pages 389-369. Il n’a jamais eu (et Platon lui en donne acte tout au long du texte) et n’a pas à avoir la prétention de rivaliser avec le joueur de flûte ou le cavalier, ni même avec le luthier ou le cordonnier. moins qu’un Achille, mais il serait à placer au-dessous des artisans ou des esclaves qu’il évoque. Nous mettrons toutefois cette conception en question, en montrant que la réalité de l’oeuvre d’art existe bien et que l’illusion artistique n’est qu’un effet pervers de notre jugement hâtif sur la nature de l’oeuvre. L’utilisation de la marque déposée Artefake est soumise à autorisation. sans quoi, on tend la main pour cueillir les raisins et tout art a disparu. de pêcheur à la ligne. La reproduction totale ou partielle des articles du site internet Artefake sont strictement interdite, par tous moyens connus ou à découvrir, quel qu’en soit l’usage, sauf autorisation légale ou autorisation écrite de l’association Artefake. Les connaissances ne coïncident jamais. Il est bien entendu que s’il peint une bride ou une lyre, il ne saurait avoir de ces objets une connaissance supérieure ou même équivalente à celle du cordonnier ou du luthier, qui en savent eux-mêmes moins que A-t-on bien lu ? C’est parce qu’il est une mimètikè ou une mimèsis que l’art peut avoir l’air d’une compétence universelle. Il y a un art d’illusion et c’était l’art des sophistes. Et on le libère, en lui restituant pour ainsi dire son propre domaine. La beauté alors devient un moyen de leurrer la multitude qui perd conscience de l’originalité du beau pour donner aveuglément dans le piège. A partir du moment, en effet, où la magie de l’apparence se confond avec la réalité, l’oeuvre d’art disparaît. Quand il compare le peintre à un prestidigitateur qui muni d’un miroir nous ferait voir le reflet de tout ce qui existe, ce n’est pas à proprement parler le peintre en tant que tel qui est ici pris à partie, c’est le prestidigitateur. Toute personne nommée ou désignée dans le site Artefake dispose d’un droit de réponse conformément à l’article 6 IV de la loi LCEN. La connaissance ou la réflexion sembleraient exclure toute contemplation esthétique et donc tout intérêt à l'art. le cavalier et le joueur de flûte. Platon (428 - 427 avant J.C., 347 - 346 avant J.C.) est un philosophe grec, « disciple » de Socrate. Il y a un leurre, un trompe l’oeil complet, une habileté de chasseur ou Mais la connaissance du peintre est d’un autre ordre dès le point de départ de l’oeuvre. Ils ne sont qu’une dégradation du sensible, comme le sensible est une dégradation de l’intelligible. Platon n’a jamais dit, comme on pourrait le croire en lisant certains commentaires, qu’il y a une variété de poésie dont la réussite, la valeur consisterait à 1Jaborderai ici quelques aspects de la rencontre entre les philosophes et lillusion. On ne peut dire plus clairement que l’imitation juste ne saurait assurer à l’oeuvre d’art la beauté essentielle. L'illusion et l'art Cette dernière sorte d'illusion est particulièrement celle que peuvent produire les oeuvres dramatiques et les oeuvres de la peinture. Ses pensées suivent celles de celui dont elle a été assistante et qu'elle considère comme son maître : Karl Jaspers. Elle comble un besoin, un manque, elle compense, elle récompense. L’autorisation de mise en place d’un lien est valable pour tous supports, à l’exception de ceux diffusant des informations pouvant porter atteinte à la sensibilité du plus grand nombre. — est lui-même et jusque dans ses dialogues métaphysiques, le plus ardent, le plus léger des poètes, le plus sensible des critiques, accessible à toute forme d’art ; toujours comme le Socrate du Charmide « à Si Homère n’était qu’un imitateur, non seulement il vaudrait Platon comme Aristote conçoivent l’art à travers la grille de la mimésis. On ne saurait avoir d’un objet du monde sensible une idée unique absolument claire, l’atteindre dans une essence parfaite qu’aussi bien il n’a pas, précisément parce qu’il est un objet du monde sensible. C’est le philosophe — est-il besoin de le dire ? Les objets du monde sensible, objets imparfaits d’une connaissance imparfaite, sont des mélanges participant à des pluralités d’idées, dans des proportions différentes. Mais il ne saurait y avoir l’ombre même d’une esthétique de l’illusion. On ne saurait donc dire, comme le fait M. Schuhl dans le livre si documenté et si judicieux qu’il a consacré à Platon et l’art de son temps, qu’il y ait « parallélisme exact entre la technique du peintre qui parvient à donner de loin l’illusion de la réalité et celle du sophiste qui sait verser par les oreilles des paroles ensorcelantes ». ou sur son avenir (si l'art est trompeur, il … Mais le sophiste, en tant que tel, n’est pas poète ni peintre ni sculpteur. de montreurs d’ombres. Le sophiste est un faiseur d’images ; l’art du simulacre qu’il pratique est bien une technique de l’habileté, une virtuosité suggérer une ressemblance parfaite avec un objet du monde sensible pris comme modèle. Quand les poèmes sont dépouillés des couleurs de la poésie il est bien évident que ce qui constitue le poème a alors disparu. Pour quel'apparence devienne réalité, il faut avoir écarté la possibilité que l'apparence soit une illusion, fruit de l'erreur dejugement de mes sens. Quand Pég… Aristote: C ’ est par l’expérience que la science et l’art font leur progrès chez les hommes. Et s’il faut se méfier des artistes dans leur fonction d’imitateurs. La toile de Zeuxis dont parle Pline trompait peut-être les oiseaux. — qui a la connaissance la moins imparfaite du monde sensible, puis qu’il a pris l’habitude de tirer de chaque être, de chaque chose, le meilleur parti possible en vue de l’ascension de son âme et des âmes des autres. domaines de la création artistique dont l’un serait bon intrinsèquement et l’autre irrémédiablement mauvais. Il ne faut point se laisser abuser (et dans l’ouvrage que nous citions tout à l’heure M. Schuhl est le premier à le reconnaître) par les nombreuses comparaisons que Platon — non sans quelque ironie parfois — tire de la technique artistique. C’est évidemment celui qui s’en sert le mieux et pour le meilleur qui le connaît le mieux. C’est bien en tant que chef d’Etat en effet que Platon chasse les poètes de sa république. Ils n’ont plus qu’un reflet d’être. Et si Gorgias le prétendait, c’est qu’à Le peintre, le poète, ne créent pas de simulacres. Dans Le Sophiste, ... Depuis Le Réel et son double (éd. Cette apparente contradiction entre l’attention la plus souriante et la plus sereine à toutes les formes du beau et l’expression d’une sévérité si constamment formulée ne nous invite-t-elle pas à rechercher quel sens exact Platon entend donner aux condamnations qu’il prononce ? participer, l’objet ainsi paré d’un éclat emprunté peut nous apparaître plus aimable, plus véritable, plus souhaitable qu’il ne faudrait. Conformément à l’article L.113-1 du Code de la propriété intellectuelle, l’association Artefake est titulaire des droits d’exploitation du contenu du site Artefake.com Les spectacles les combinent souvent avec la suspension consentie de l'incrédulité pour divertir le public. C’est ce sacrifice, ce douloureux règlement sur la poésie qui lui permet d’affirmer au début du livre X, non sans une pointe d’ironie d’ailleurs, que la cité qu’il vient de fonder est la meilleure possible. Mais il ne saurait y avoir l’ombre même d’une esthétique de l’illusion. L’art est l’illusion d’une illusion. En tant qu’imitations les objets d’art occupent la dernière place dans la hiérarchie des mondes. On sait avec quelle sévérité Platon a jugé certaines formes d’art. L’illusion qui fait le succès du poète est explicable : si son art « peut produire toute chose, c’est parce qu’il ne touche qu’un peu de chacune, à savoir son image (eïdôlon) » (République, X, 598b). Dans ce cas c’était un piège, ce n’était plus une toile. En fait, Platon reproche à l'artiste son incompétence. Ce sacrifice, Platon par la bouche de Socrate le résume dans une formule dont on n’a peut-être pas assez remarqué la précision. son habitude il jonglait avec les mots et qu’exalté à la pensée de la puissance de son habileté il confondait ou feignait de confondre une technique du leurre avec le jeu supérieur de la création véri table. Le peintre, lui, joue avec l’illusion. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la critique faite par Platon d’une partie de l’art comme mimêsis, imitation. ), sur sa finalité (L'art a-t-il pour vocation de nous tromper ?) Mais la thèse de Platon présuppose que l’absolu ne se manifeste pas : il nous faut donc ici réfléchir sur les conditions de possibilité d’une révélation sensible de l’absolu. l’image numérique en 3D, mêlant ainsi l’illusion de l’installation et un certain vertige visuel. Les liens hypertextes pointant soit vers la page d’accueil soit vers un article particulier sont autorisés. Toute leur réalité réside dans leur apparence même, qui est l’ombre d’une ombre. Elle ne suppose pas, à proprement parler, une distinction entre deux On pourrait dire — et c’est la première remarque qui vient à l’esprit — qu’il y a des oeuvres d’art nuisibles socialement et que ce sont ces oeuvres-là que Platon rejette. C’est précisément que, transfiguré par le nombre, par la mesure, par l’éclat de la beauté à laquelle on le contraint de Il y a un art de leurrer, d’ensorceler, de flatter, mais c’est jouer sur les mots de parler ici d’art véritable, conçu comme une création poétique ou picturale. Mais cet appauvrissement suprême de l’imitation en tant que telle n’est que l’envers de l’extrême et singulière richesse de la création qui, de ce rien, a fait un monde ordonné. Guicheteau Marcel. » (République, 599 b). Ce qu’il imite c’est l’aspect visuel de la lyre ou de la bride, ce sont les lignes et les couleurs de la flûte. — est lui-même et jusque dans ses dialogues métaphysiques, le plus ardent, le plus léger des poètes, le plus sensible des critiques, accessible à toute forme d'art ; toujours comme le Socrate du Charmide « à l'égard des choses belles comme le cordeau blanc sans aucune marque de mesure ». Car le beau, à partir du moment où il n’est plus qu’un moyen de séduction au service de l’idée, cesse d’être lui-même, n’est plus qu’un piège pour les âmes. Ce n’est pas là son rôle. Ce document est déposé auprès d’une Autorité d’Horodatage Qualifiée – Certifiée ETSI & RGS. Le sophiste en tant que tel crée des simulacres qu’il cherche à faire prendre pour des réalités. 1002 Articles actuellement en ligne. 56 articles en attente de publication. Il y a un art d’illusion et c’était l’art des sophistes. Et préciser la portée de ces condamnations n'est-ce pas du même coup se mettre en mesure de mieux comprendre l'esprit de l'esthétique platonicienne dans une de ses démarches essentielles ? Il est généralement considéré comme l'un des premiers et des plus grands philosophes occidentaux, sinon comme l'inventeur de la philosophie. " Comme si la grandeur du sacrifice, par une sorte de compensation mystique, constituait une garantie de durée, de vérité, de solidité pour la cité bénéficiaire d’un tel renoncement. Or, ce sévère censeur — est-il besoin de le rappeler ? 2Lun des premiers à évoquer ce problème est Platon exposant dans La République le mythe de la caverne. Illusion, erreur des sens qui nous fait percevoir les objets autrement qu'ils ne sont en effet, ou qui nous fait prendre l'image, c.-à-d. les apparences de l'objet, pour la réalité. L'art et l'illusion chez Platon 223 mesure où la foule ignorante est incapable de faire le départ entre l'embellissement et la chose embellie, dans la mesure où elle reporte sur … Le Béotien le plus enraciné sait bien devant le tableau le plus réaliste du peintre le plus « imitateur » qu’il ne se trouve pas devant une véritable maison ni une véritable forêt. Les rapports entre art et illusion semblent donc très complexes et s'inscrivent dans une pensée globale sur la nature de l'art (l'art ne serait-il qu'une illusion ? Il consiste, ce sacrifice, « à n’admettre, en aucun cas, ce qui dans la création poétique est imitation ». On pourrait dire — et c'est la première remarque qui vient à l'esprit — qu'il y a des œuvres d'art nuisibles socialement et que ce sont ces œuvres-là que Platon rejette. ISSN attribué par la Bibliothèque nationale de France : ISSN 2276-3341, Informations rassemblées et coordonnées à l’initiative et pour le compte de l’Association Artefake. Artefake est une oeuvre collective créée et publiée par l’Association ARTEFAKE. Gallimard, ... Retouvez Artefake sur vos réseaux sociaux. Pour Plotin on atteint alors à la vérité : les arts « remontent aux raisons d'où est issu l'objet naturel ». Tu l’as sans doute remarqué » (République, 601 b — traduction Chambry). Ce droit de réponse doit être adressé par courrier recommandé à Artefake – A l’attention du Directeur de Publication – 16, rue Henri Gérard – 21121 Fontaine lès Dijon. Le symbole est « ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique ». L’illusion est ici transcendance vers l’idéal. Il est donc entendu qu’il est des choses qu’il convient de parer de poésie, de rythme, de couleurs ; qu’il y a d’autres choses au contraire qu’il convient de ne pas embellir ; mais cette proscription relève d’un opportunisme social et ne saurait constituer une préférence pour une technique déterminée, ni à plus forte raison constituer les éléments d’une esthétique. In: Revue Philosophique de Louvain. l'art n'est il qu'une imitation de la nature. Platon y voit l’illusionnisme, Aristote y voit une forme épurée du réel. L'art et l'illusion chez Platon 225 qu'il a pris l'habitude de tirer de chaque être, de chaque chose, le meilleur parti possible en vue de l'ascension de son âme et des âmes des autres. Cette apparente contradiction entre l'attention la plus souriante et la plus sereine à toutes les formes du beau et l'expression d'une sévérité si constamment formulée ne nous invite-t-elle pas à rechercher quel sens exact Platon entend donner aux condamnations qu'il prononce ? Ce serait folie pure de le couronner de fleurs. Elle assure un sentiment de sécurité. En langage moderne, cela signifie qu’on peut les envisager de différents points de vue selon les synthèses où on essaie de les assembler ; qu’il y a bien des façons de connaître une chose : une lyre pour le luthier, c’est un instrument à fabriquer ; pour le joueur de flûte, c’est un instrument dont il faut jouer ; pour l’auditeur éventuel, ce sont des airs à entendre. Mais un On peut dire que tout au long des dialogues, du Charmide jusqu'aux Lois, un certain aspect de l'art est pris constamment et vigoureusement à partie. Mais il faut se hâter d’ajouter que cette condamnation rigoureuse ne porte pas sur l’oeuvre d’art en tant que telle. C'est bien en tant que chef d'Etat en effet que Platon chasse les poètes de sa république. Or, lessens peuvent induire en erreur, et par mes sens je ne perçois que des apparences, pas des réalités. Platon voit dans l’art l’apparence, Aristote y voit l’apparaître. L'artiste est un illusionniste qui sait parfaitement reproduire n'importe quelle apparence. Platon couronne les poètes de fleurs avant de les chasser de sa république et les suit d’un oeil attendri jusqu’aux frontières de son état idéal. “Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet. Qui ne se souvient de l'ironique et savoureuse critique de Lysias dans Phèdre ; de la sévère condamnation des poètes dans La République ; du mépris affiché dans le Sophiste pour l'art du simulacre ; de la sereine et presque injurieuse indifférence de l'Athénien des Lois pour la « vaine expérience de la peinture » ? DOI : https://doi.org/10.3406/phlou.1956.4873, www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1956_num_54_42_4873. Elle donne une satisfaction par rapport au désir, elle crée un ordre, une signification, un sens, une orientation pour la conscience. On sait avec quelle sévérité Platon a jugé certaines formes d'art. Le Sophiste, de l’Être d’après Platon. On peut dire que tout au long des dialogues, du Charmide jusqu’aux Lois, un certain aspect de l’art est pris constamment et vigoureusement à partie. Mais dans ce cas — et Platon prend soin de nous le répéter sans se lasser — il ne serait plus qu’un créateur de fantômes, un imitateur d’imitateur, éloigné de la réalité de trois degrés, puisque le monde sensible qu’il imite est lui-même une copie des formes éternelles (République, 602 c – 603 b). Imiter signifie qu’on prend conventionnellement comme point de départ un certain aspect de l’objet, dont on suggère une représentation limitée et présentée comme telle, sans aucune intention de tromper. « Si l’on dépouille les ouvrages des poètes des Certes l'objet de la création artistique n'échappe pas à cette imperfection du sensible En 1936, elle rédige son premier ouvrage, L'Illusion philosophique. Platon n’a-t-il pas dénoncé l’assujettissement de l’art au domaine du sensible, et par-là, n’a-t-il pas montré que l’art est incapable de manifester un absolu? D’un objet du monde sensible on ne peut guère avoir qu’une connaissance valable : la connaissance socratique du à-quoi-sert. Dans le cas où malgré notre vigilance, une de nos publications porte atteinte aux droits d’auteur, merci de nous l’indiquer. objet se prête la plupart du temps à des usages multiples. C’est l’art du sophiste qui est un art d’illusion. L'illusion est "source de jouissance", André Breton. Baumgarten: Science de la connaissance sensible ou gnoséologie inférieure. Blog; About Us; Contact Cette relativité de la connaissance, si familière à la philosophie moderne, Platon l’explique déjà. Il ne trompe que les ignorants. Mis à jour le : 18 février 2021 @ 6 h 41 min. Il ne reste que le thème de l’oeuvre. Mais aussi bien, le créateur n’est pas, ne sera jamais en tant que tel, un créateur d’illusions. Qui ne se souvient de l’ironique et savoureuse critique de Lysias dans Phèdre ; de la sévère condamnation des poètes dans La République ; du mépris affiché dans le Sophiste pour l’art du simulacre ; de la sereine et presque injurieuse indifférence de l’Athénien des Lois pour la « vaine expérience de la peinture » ? Directeur de la publication : Sébastien BAZOU Le troisième livre de La République nous parle d’une utilisation rationnelle, réfléchie, de l’oeuvre d’art par le législateur qui met au service de la cité la séduction de la beauté plastique et littéraire. Bon, voici un artiste d’une très grande notoriété ; il serait presque inutile de le présenter, puisque ce blog a pour but de faire découvrir des personnalités méconnues, mais ça me fait moi-même… Et c’est ce thème réduit désormais à lui-même, dépourvu de tout moyen de séduction, que le législateur peut alors et doit sévèrement juger à sa juste valeur. Au titre de cette autorisation, nous nous réservons un droit d’opposition. Quand le peintre peint une bride, comment pourrait-il en savoir autant sur cet objet que le cordonnier qui l’a faite et le cavalier qui s’en sert ; et s’il donne sur sa toile l’illusion d’une flûte comment en tant qu’imitateur en saurait-il autant que le luthier et à plus forte raison que le joueur de flûte ? 219-227. En toute occasion au contraire, et même en ce qui concerne les formes d’art qu’il condamne, il nous invite à ne pas confondre la beauté avec l’objet qui lui sert de support, avec la matière où elle s’incarne : « En général, dit l’Athénien des Lois, à l’égard de toute imitation, soit en peinture, soit en musique, soit en tout autre genre, ne faut-il pas pour en être juge éclairé -Platon. On aurait toujours beau jeu de de mander à ceux qui font de lui un savant universel quelles villes il a fondées, et quelles guerres il a conduites. Mais d’artiste plus même de traces. Il ne fait pas illusion. Lhomme qui est sorti de la caverne où il ne percevait que les ombres des objets ne consentira pas volontiers à « revenir à ses anciennes illusions et à vivre comme il vivait auparavant » (516 e). Imiter ne veut pas dire en peinture reproduire un double. Recevez tous les nouveaux articles directement dans votre boite mail. Président du Conseil d’Administration : Eric CONSTANT. L'étude des illusions sensorielles intéresse la psychologie, la physiologie, les neurosciences. L'art et l'illusion chez Platon. Il l’explique par l’ambiguïté essentielle de l’objet connu. Elle s’en tient souvent à un sens littéral qui risque d’étouffer sa piété, d’entretenir en elle cette crainte de l’au-delà que les guerriers doivent bannir de leur âme, s’ils veulent affronter avec courage les risques du combat, se prêter aux épreuves qui constituent l’initiation indispensable à leur vie d’hommes et de citoyens. Le sacrifice pour lui est le plus grand qu’on puisse faire. La notion d àuàxif ne saurait trouver de place dans l’étude d’une esthétique. Et préciser la portée de ces condamnations n’est-ce pas du même coup se mettre en mesure de mieux comprendre l’esprit de l’esthétique platonicienne dans une de ses démarches essentielles ? Nous chercherons tout d’abord à montrer que l’art procède d’une illusion dans la mesure où il détourne la réalité et induit l’homme en erreur. Elle enseigne la philosophie aux États-Unis, puis à l'Unive… l’égard des choses belles comme le cordeau blanc sans aucune marque de mesure ». Il s’agit de deux acceptions de la mimésis auxquelles correspondent deux techniques de représentation : alors que la mimésis de Platon est de nature symbolique, celle d’Aristote renvoie plutôt à la métaphore. Certes à l’habileté dialectique qui déforme les véritables don nées du problème, qui caricature certaines évidences, le sophiste ajoute une science certaine du pathétique et surtout une certaine manière de disposer les sons, les mots, les phrases, qui relève, elle, de l’esthétique. Or, ce sévère censeur — est-il besoin de le rappeler ? Le rapport d’échelle change et le regard se porte plus spécifiquement sur des détails : les sommets des tubes, les formes, l’accumulation… Ces disciplines établissent fréquemment une typologie de ces illusions, qui ne s'expliquent pas toutes par les mêmes phénomènes. couleurs de la poésie, et qu’on les récite réduits à eux-mêmes, tu sais, je pense, quels aspects prennent les oeuvres d’art. Il n’y a plus ni jeu ni conventions. Admirer la ressemblance, cela suppose que l’on n’est pas dupe ; Platon: L’art est l’illusion d’une illusion. connaître ces trois choses : en premier lieu l’objet imité ; en second lieu si l’imitation est juste, enfin si elle est belle ». En arpentant l’œuvre, le point de vue est différent puisque le spectateur est immergé. Platon nous affirme que celui qui connaît le mieux un instrument, ce n’est pas celui qui le fabrique, c’est celui qui sait s’en servir. Il y a un art de leurrer, d’ensorceler, de flatter, mais c’est jouer sur les mots de parler ici d’art véritable, conçu comme une création poétique ou picturale. Dans le cas ou cela s’avère exact, nous nous engageons sans délai à supprimer cette publication de notre site. Les prisonniers de la caverne y étaient enchaînés de façon à ne pouvoir regarder que la paroi, et prenaient pour la réalité les ombres d…