À la fin du récit, Claude Gueux est guillotiné. L’amour, thème qui parcourt inlassablement les poèmes de Damas, prend alors un sens bien moins anecdotique qu’il n’en a l’air. suivez les informations en temps réel et accédez à nos analyses de l’actualité. Une force entraînante qui pousse à se défaire de soi, à s’aimanter à l’autre, à Elle, pour « chanter le poème à danser ». Il s'installe à Washington, enseigne la littérature à la Georgetown University, puis à l'université Howard. Ce rapport est une source bien connue des historiens. C'était un de ces jours froids et tristes où les cœurs se serrent, ou les esprits s'irritent, où l'âme est sombre, où … et autres lieux de la Ville Applications mobiles (Black-Label). d’afficher sur les murs Analyse . 6) Moralité de Claude Gueux. Le brigadier cria: - Allons, debout! Son recueil de poésies le plus fameux est Black-Label, publié chez Gallimard en 1956. Poète engagé, anticolonialiste et anti-assimilationniste, Damas n’a pas connu de longue carrière politique comme ses deux confrères, d’où peut-être son manque de visibilité : il a occupé les fonctions de député durant trois ans seulement, court mandat qui s’explique probablement par un refus de se soumettre aux compromis. CLAUDE GUEUX, VICTOR HUGO ANALYSE LINÉAIRE DU JUGEMEMENT ET DE LA MORT DE CLAUDE GUEUX. voilà Son caractère ombrageux lui valut de solides inimitiés et a sans doute handicapé sa postérité. […] Damas refuse tout compromis, fustige toute hypocrisie, quitte à passer pour le mauvais nègre ou l’éternel emmerdeur qui écrit pour « vous refiler [sa] nausée », « vous navrer/vous décevoir/vous désarmer » ; et il le fait avec humour et dérision, se jouant des mots et des images les plus communes pour être bien sûr de « mettre les pieds dans le plat ». L’ultime page du second recueil, Névralgies, est comme une invitation – ou un défi – au recommencement, à pousser plus loin encore, par approfondissement, là où toute route, toute phrase, achoppe : Citez-m’en j’ouvrirai Et voici Elydé : lieu d’ancrage et de surgissement, un ici et maintenant à partir duquel le « je » se voit autre, se révèle, s’exile, se décolonise, « franchit la ligne ». Nous contacter Or ce que nous dit Damas du corps colonisé dépasse largement le cadre historique de la colonisation en tant que période historique et système politique particulier. REGARDEZ. La vérification e-mail a échoué, veuillez réessayer. Damas exprime dans ses poèmes la fracture identitaire, psychique et corporelle du Noir colonisé, acculé au retranchement, à la désincarnation, à la dépigmentation, dans la mesure où la société pétrie de morale « blanche » codifie sa manière d’être au monde, sa relation au monde. Fiche 1 bis. C’est tout au contraire par co-naissance intime que le poète restitue le passé collectif : son corps présent garde le souvenir des faits passés qu’il n’a pourtant pas connu. (Graffiti, « Malgré les sarcasmes des uns »). Monde stérile et âpre qui emmure le poète soudain saisi par : l’horreur Dans ce long poème narratif aux résurgences biographiques prenant parfois l’allure de « poèmes-conversation » à la manière d’Apollinaire, le « je » du poète se mêle aux pronoms « elle » et « tu » dans un dialogue où les voix se croisent, se confondent, se relaient pour élaborer une énonciation à plusieurs voix capable d’exprimer la pluralité de l’ex-il : et ma voix clame en Exil tandis que le Ciel se demande où la solitude à deux mène. Écrire ce rien, écrire rien – dans l’inutile utilité de la langue – devient en soi un acte politique, il en constitue même la quintessence par son caractère intransitif et intransigeant : « A BAS TOUT/VIVE RIEN », lâche le poète, en grands caractères. par moi-même admise A BAS TOUT/VIVE RIEN (Névralgies). Ce corps n’a pas d’autre choix que de « se blanchir ou disparaître » (Fanon) sous le regard narquois du Blanc. un banjo Liste des commentaires composés et lectures linéaires : Un commentaire composé est l’étude personnelle et argumentée d’un texte dans le but de dégager ses intentions, ses effets et sa spécificité. Pour nous, appelé France cet espace a vu toutes les envolées lyriques possibles le conforter, alors qu’initialement, comme tous les autres modèles équivalents, il est le fruit du pillage. j’ouvrirai la fenêtre au printemps Il est le grand oublié de la négritude. et le Ciel est couvert de nuages, Elle À la Libération il est élu député de Guyane de 1948 à 1951. Voici, pourtant. Elle nous raconte les mésaventures de Cloche, une mendiant estropié qui n’a pas mangé depuis plusieurs jours. Commencez à taper votre recherche ci-dessous et appuyez sur Entrée pour chercher. Une mélancolie affleure dans le chant rhapsodique qui cherche à toucher du doigt le drame vécu, personnel et partagé des laissés pour compte. Claude Gueux : analyse. qu’il recommence sans cesse m’accabler -Peu de chose, dit Claude. contre Toute l'année, il sillonne la France au volant d'un 40 tonnes. et me priver du droit de m’afficher moi-même Auteur : Victor Hugo Analyse de : Ivan Sculier Figure emblématique du romantisme français et homme politique engagé, Victor Hugo délivre avec Claude Gueux un véritable plaidoyer contre la peine de mort. Cette double voix est une réponse au corps colonisé scindé en deux faces inconciliables, à la parole interdite, limitative, placée sous contrôle du langage dominant érigé faussement en langage du monde, à la fois unique, uniforme et universel. Etude préliminaire de Claude Gueux, Victor Hugo. Nous les gueux nous les peu nous les riens nous les chiens nous les maigres nous les Nègres. Consultez les articles de la rubrique Culture, Erreur lors de la sauvegarde du brouillon. Les vers de Damas forgent l’image mythique d’un temps et d’un lieu « naïfs », « instinctifs », qui n’auraient pas subi le sceau de la loi sociale. un brouillon est déjà présent dans votre espace commentaire. Le premier recueil qu’il publie (et dont la plupart des extraits ci-dessus sont tirés) sous le titre Pigments est censuré en 1939 pour atteinte à la sûreté de l’État. Il y contient notamment Nous les gueux (à lire en entier ci-dessous), dont une strophe fut récitée à l'Assemblée par la garde des Sceaux. qui soit allé Nos partenaires citez-m’en un toute la laideur d’une vie étrange et mienne Les vers de Damas épousent le rythme syncopé du jazz et les ressassements du blues, autant qu’ils égrènent les désirs et rêves inassouvis d’un poète, métis, exilé, amoureux, à la fois solitaire et solidaire. vous dîtes un banjo qui soit allé CLAUDE GUEUX, VICTOR HUGO ANALYSE LINÉAIRE DU JUGEMEMENT ET DE LA MORT DE CLAUDE GUEUX. laissez donc ça aux nègres qu’il recommence à dire (Pigments, « Hoquet »). Un banjo Tel un oiseau rêveur qui se sait déplumé, il chante ses coups de cœur et ses coups de gueule depuis une cage avec vue sur un ciel souvent bouché. La cadence du poème imprime sa marche intérieure, son déplacement au-dedans de lui-même, mot après mot, à la fois mouvement et mutation sans fin, car toute fixité, tout rêve téléologique risque la mort du poème. L’écriture automatique, la libération du refoulé, la pensée onirique et analogique, la déconstruction des stéréotypes et du langage participent à créer une poésie faite de ruptures, d’éclats, d’ellipses à même de faire émerger les tabous, les traumatismes, les silences qui traversent sa condition de Nègre, d’exclu, de rien. Nous les gueux/nous les peu/nous les rien/nous les chiens/nous les maigres/nous les Nègres/Qu’attendons-nous […]/pour jouer aux fous/pisser un coup/tout à l’envie/contre la vie/stupide et bête/qui nous est faite. Coupé de lui-même, il est devenu cet être colonisé de l’intérieur que Frantz Fanon décrit dans Peau noire masque blanc. Le sujet colonisé reste inéluctablement en dehors de lui-même, son corps-même étant fiché, il ne peut que se vivre de l’extérieur, dans un éternel décalage avec soi. 1818: À l'âge de 14 ans, il vole son premier sac d'avoine et est condamné à un an de prison. et l’Exil chante à deux voix murs nus Le monde d’avantCes soap qui ont marqué l’histoire de la télévisionLes classements musicaux du « Point », Expérience Le Point sur les toits de la Ville voilà comment dîtes-vous Nous les gueux nous les peu nous les riens nous les chiens nous les maigres nous les Nègres Qu'attendons-nous les gueux les peu les rien les chiens les maigres les nègres pour jouer aux fous voilà les mulâtres ne font pas ça Il publie en 1937 son premier livre de poésie, Pigments, puis s'engage dans l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale. Passé l'heure des prières, vient donc celle de la hache, qu’il cache dans son pantalon, d’où ce L’Etat n’est qu’une idée dissimulant un pillage initial, cette prise de conscience est essentielle pour qui veut comprendre la … ni tare L’agencement typographique donne corps au poème, le spatialise, le concrétise en jouant sur la découpe des vers et des mots, sur les lignes, les blancs, les retraits, les majuscules ou encore les italiques, comme pour dérouler le poème sous les yeux du lecteur. À travers le parcours de Claude Gueux, Victor Hugo met en évidence les lacunes du système théoriquement philanthropique qu’est la prison au XIXe siècle et qu’il avait déjà dénoncé dans Le dernier jour d’un condamné en 1828.. Dans cette perspective, le sujet qui advient dans le poème sous le nom de « Elydé » peut s’interpréter comme une nouvelle force énonciatrice, une force non plus verticale (comme le reflète l’image de la Tour Eiffel), mais tournoyante et centrifuge. Les deux critères : « À l’âge de quinze ans » (l. 2). mis un instant à nu j’ouvrirai la fenêtre au printemps que je veux éternel Pour conserver le précédent brouillon, cliquez sur annuler. la pleine horreur pas de midi qui tienne bouffant du juif Cet article a été ajouté dans vos favoris. Marginale dans Pigments – où « Le parfum frêle/de la femme qui me frôle » réveille « La chair exorcisée/entame/émiette/et mange/le souvenir/ravivé/debout/de tout semblant de rêve » –, la poétique amoureuse se développe tout au long de Névralgies, de Graffiti et surtout de Black-Label. la laideur le livre a connu un succès de scandale : il a attiré les foudres de la justice et a été jugé contraires aux bonnes moeurs. Et Tyranaël fut ». […] et voici ELYDÉ Message en cas d'erreur au focus sur le champ, Christiane Taubira donne une leçon de poésie à Hervé Mariton, Ces soap qui ont marqué l’histoire de la télévision, Politique de protection des données à caractère personnel, Gérez vos inscriptions aux newsletters d’information généraliste et thématiques, Bénéficiez de nombreux services exclusifs. « Je » réduit à l’état d’objet qui lutte pour devenir son propre sujet, corps définitivement fiché, labellisé, dans un monde de classes et de races où il n’est qu’une image déshumanisée, dérisoire, prêtant à rire. Mais au fait, qui est Léon-Gontran Damas ? Vers midi, les gendarmes parurent et ouvrirent la porte avec précaution s'attendant à une résistance, car maître Chiquet prétendait avoir été attaqué par le gueux et ne s'être défendu qu'à grand-peine. C'est justement la poésie, et plus précisément le recueil La chanson des Gueux, publié en 1876 qui fit connaître l'auteur à un large public. à moi-même imposée à la manière d’Hitler un seul de rêve (2 p.) b) Cette analepse nous renseigne sur le passé du gueux, sur l’accident fatal qui a provoqué son infirmité et sur son extrême dénuement. Le titre nous montre qu’Émile Verhaeren ne cherche pas à cacher le message qu'est censé délivré son poème, il parle de révolte, de guerre. Damas écrit ses poèmes comme le « voyou » dessine ses graffitis (pour reprendre le titre du recueil de 1952) à la surface des murs : il écrit une poésie de la rue, une poésie visuelle où les mots sont des signes palpables, graphiques, des signes qui s’inscrivent contre la surface du réel pour lui apposer leur propre réalité. la conspiration du silence autour de moi-même Ce poète guyanais fut l'objet d'une joute oratoire entre Mariton et Taubira. Nous avons cru devoir raconter en détail l'histoire de Claude Gueux, parce que, selon nous, tous les paragraphes de cette histoire pourraient servir de têtes de chapitre au livre où serait résolu le grand problème du peuple au dix-neuvième siècle. Ouvert à tous les appels poétiques, Damas lie aussi amitié avec le surréalisme à travers la personne de Robert Desnos (préfacier de Pigments) à qui il dédie d’ailleurs un poème hommage dans Névralgies. Ce tout à déconstruire, c’est la réalité à la fois sociale, politique et culturelle, c’est une civilisation blanche et indigente en perte de repères à force de tourner à vide, devenue simple mécanique déshumanisée à force de valser sur elle-même, aux côtés de « tonton Gobineau » et de « cousin Hitler ». j’ouvrirai la fenêtre Ce « je » à la fois masculin et féminin, noir et blanc, par une dialogisation intérieure (pour rendre le concept bakhtinien), se construit une solitude toute polyphonique, « où la vie est un pont suspendu sous un ciel de nuages ». CGU Pendant plus de vingt ans, il a parcouru l'Afrique pour y récolter de la culture, ou encore le Brésil pour rechercher ce que les esclaves africains y avaient apporté. Il fut l'un des parlementaires les plus éloquents de la IVe République et un adversaire résolu de Gaston Monnerville, autre Guyanais célèbre. les gueuxles peules rienles chiensles maigresles nègrespour jouer aux fouspisser un couptout à l'envicontre la viestupide et bêtequi nous est faiteà nous les gueuxà nous les peuà nous les rienà nous les chiensà nous les maigresà nous les nègres... REGARDEZ Hervé Mariton et Christiane Taubira se chamailler sur l'oeuvre de Léon-Gontran Damas : Veuillez remplir tous les champs obligatoires avant de soumettre votre commentaire. Les dates Les faits; 1804: Naissance de Claude Gueux dans un petit village de Bourgogne. Plan du site ni gui b) Sur quoi nous renseigne cette analepse ? Il aborde de front les thèmes raciaux et la question de la violence en jonglant avec un langage simple et cru, avec les mots communs, voir triviaux qu’il fait évoluer dans des jeux de répétitions, des mouvements en cascade ou des tournoiement qui rappellent, dans leur scansion orale, les vers des poètes afro-américains de la Harlem Renaissance, à l’instar de Langston Hugues, Claude McKay ou Richard Wright, poètes que Damas a rencontrés et avec qui il partage une sensibilité rythmique et un profond sentiment d’exil. à votre leçon de vi-o-lon / GN – CC de temps « Il avait eu » (l. 2) : Verbe au plus-que-parfait. Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à Diacritik et recevoir une notification de parution d’un nouvel article. Il cisèle une poésie fleurie de gros mots qui dénonce l’ornemental de la langue et les pauses de poètes chansonniers « répétant la rengaine/d’un clair de lune à soupirs ». Il a beau « donn[er] des années d’efforts/de l’épaisseur verticale/de toutes les Tours Eiffel », il retombe toujours, impuissant à être pleinement lui-même, à jouir sans entrave : « tant m’obsède d’écœurement/un besoin d’évasion ». Cette nouvelle a été publiée à trois reprises différentes dans diverses éditions. le gros mot Je, tu, elle accrochés l’un-e à l’autre rythment le drame du poème qui se déroule tel un corps vivant de sons, tout en pulsions et pulsations, pour dire le sujet élidé au sens étymologique de « poussé dehors, expulsé », sujet qui cherche à s’ancrer dans le mouvement, la danse, le tangage, défaisant les pas du poème, bifurquant, s’écartant et revenant, amoureusement, pour faire corps avec les mots. Dans les années 1970, il fait partie de cette cohorte d'intellectuels français respectés et même admirés aux États-Unis. murs blancs d’hôtel gris Le drame personnel rejoint le drame historique accusant le rapt originel, la castration, le démembrement d’un corps individuel et collectif. Nous les dieux est premier volet du Cycle des dieux de Bernard Werber publié en septembre 2004.Il est suivi par Le Souffle des dieux (paru en octobre 2005) et Le Mystère des dieux (paru en octobre 2007).Un autre titre avait été un temps envisagé – L'Île des sortilèges – avant d'être abandonné. Téléchargez où que vous soyez, nos résumés de Claude Gueux et nos autres fiches de lectures de Marivaux : la colonie , l'île des esclaves qui sont téléchargeables depuis votre mobile, votre tablette ou votre ordinateur ! avec Elle être Tour à tour, discordances et harmonies mettent le corps en relation, la poésie devenant ce corps restitué qui cherche à saisir le monde, à s’accomplir, à s’accoupler au monde. le mot sale Ce corps est alors pris dans le dilemme suivant : effacer sa différence ou s’effacer du corps social. Pour sauvegarder le nouveau brouillon, cliquez sur enregistrer. Nous sommes OJD Il présida notamment la commission d'enquête parlementaire chargée, en 1950, d'enquêter sur les incidents survenus en Côte d'Ivoire et la répression coloniale. Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point. L'article n'a pas été envoyé - Vérifiez vos adresses e-mail ! le mot défendu Archives. Le souvenir prend dès lors le sens de remembrance (encore en usage en ancien français) avec l’idée de quelque chose qui surgit, revient dans l’esprit en faisant corps : remettre en mémoire, c’est remembrer, comme revenir à la matrice, au corps utérin, à sa complétude, c’est encore recorder, comme rassembler les membres épars, dévastés. Vous devez renseigner un pseudo avant de pouvoir commenter un article. Les forums du Point, FAQ pas de midi qui tienne Jean Richepin a été un auteur prolifique, auteur de romans, pièces de théâtre et de poésie. Le corps colonisé est celui de tout individu à qui l’on impose de s’intégrer corps et âme au corps social normé et réglementé selon des valeurs et des lois visant à effacer les différences. vous saurez qu’on ne souffre chez nous Le passé esclavagiste ne cesse de revivre dans les corps colonisés. Heureusement tiré de son anonymat par une Christiane Taubira au meilleur de sa forme ! (Pigments, « S.0.S »). Merde Mais l'histoire n'aura retenu que ses deux acolytes, le biffant injustement de la parenté de ce mouvement politico-littéraire si souvent mis en avant. Au début d’une guerre où la propagande patriotique fait rage, l’auteur adresse l’ultime poème du recueil aux tirailleurs sénégalais pour les inciter à la désertion, leur enjoignant « de commencer par envahir le Sénégal » et de « foutre « aux Boches » la paix ». Il se convertit en poétique à même de signifier ce rapport au monde pris dans l’entrelacs des déterminismes imposés, ainsi que de formuler ce désir de prendre corps, de faire corps, de s’ériger dans un monde dépassant la réalité présente qui censure et émascule le corps noir. Damas fut un enfant mutique jusqu’à l’âge de six ans et mourut à soixante-seize ans d’un cancer de la langue. Dans le poème « Hoquet », Damas revient sur son enfance de « petit-bourgeois crépu », sur une éducation qui cherche à effacer, à refouler toutes traces d’antillanité, de créolité, de négrité, fixant son corps dans une attitude d’« hyperassimilé », et par là le privant, le distançant de lui-même : Il m’est revenu que vous n’étiez encore pas Analyse du texte : « Au moment d’envoyer les jurés dans leur chambre, l président demanda à l’accusé s’il avait quelque chose à dire sur la position des questions. Bien avant que ces cultures primitives soient à la mode, il contribua grandement à les faire connaître. Il décède là-bas en 1978, d'un cancer de la gorge, et est enterré dans son pays natal. L’empreinte surréaliste se lit également à travers les variations graphiques et musicales qui font du poème un art total : « Fort comme l’accent aigu d’un appel/dans la nuit longue/et longue/lâche le mot/un signe ». pas de midi qui tienne Né le 28 mars 1912 en Guyane, Léon-Gontran Damas est le cofondateur du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor dans les années 1940. — Le magazine qui met l'accent sur la culture —, Oui mais ça, c’était avent (8) : Serge Clerc, Rassemblement pour la PMA pour tous.tes (Paris, 21 février 2021), Blackmail : « Il y a un refoulé de la pop française: c’est le/la politique » (Une hallucination française), Elisabeth Vonarburg : « Fiat Tyranaël. ni ban de lui rendre Albin ; mais, du fond de sa misère, il sait mesurer l'injustice de celui qui refuse d'entendre sa prière. Tutoriel vidéo pense être A l’aide d’un questionnaire de lecture méthodique. Afin de bénéficier de l'accès gratuit à la version numérique du magazine, vous devez La poésie de Damas nous convie à ses côtés, nous insinue au plus près de sa trame. ... Nous avons cru devoir raconter en détail l’histoire de Claude Gueux, parce que, selon nous, tous les paragraphes de cette histoire pourraient servir de têtes de chapitre au livre où serait résolu le grand problème du peuple au dix-neuvième siècle. Les poèmes, la musique, le rythme remembrent, raccordent, recréent les liens entre soi-mêmes et autres. « Nous ne sommes pas des gueux » Nicolas, 45 ans, est camionneur. de crier à tue-tête Le ton est grinçant, oscillant entre la satire, l’auto-dérision et le drame : un drame étouffé qui sourd dans la voix du poète à travers les souvenirs qui éructent en un « Hoquet » irrépressible et nerveux ; un drame souterrain qui s’énonce en trois vers, en trois mots, comme le contrepoint tragique à la logorrhée maternelle : « Désastre/parlez-moi du désastre/parlez-m’en ». Le narrateur évoque alors les problèmes de société au XIXème siècle. Emile Verhaeren voit un combat et voit des gens se révolter vers ce combat, « c'est l'heure ou les hallucinés Les gueux et les … CGV Nous les gueux nous les peu nous les riens nous les chiens nous les maigres nous les Nègres . pas de midi qui tienne A force de mots qui surgissent du silence, de l’interdit, à travers une parole titubante, bégayante, se dessinent des lignes de fuite, des percées en plein ciel ouvrant sur un tiers espace enfin libéré des entraves de l’Histoire, du musellement des corps, un espace-temps sans limite où « Il n’est pas de midi qui tienne » : pas de midi qui tienne Face à ce rire social, ricanements de bourgeois qui biffent, effacent, renvoient à l’insignifiance, le poète oppose son propre rire, non plus rire policé qui voile et cache, mais rire démiurgique libérateur, se jouant de tout et de rien pour mieux déjouer la comédie sociale. Non monsieur et couper leur sexe aux nègres Poète intègre, entier, il ne peut rester silencieux face aux silences imposés, aux convenances bourgeoises, aux sacro-saints sociaux, il ne peut s’auto-censurer en demeurant en deçà de la ligne de démarcation. Analyse du texte : « Au moment d’envoyer les jurés dans leur chambre, l président demanda à l’accusé s’il avait quelque chose à dire sur la position des questions. Peu d’artistes de la diaspora ont évoqué l’amour aussi puissamment et profondément que Damas. Comment dès lors trouver ce lieu à la fois intime et extime, ce lieu relationnel où le dedans rejoint le dehors, dans un va-et-vient constant entre « je » et le monde ? Le gueux de Maupassant est paru en 1884 dans un journal nommé le Gaulois. Il y contient notamment Nous les gueux (à lire en entier ci-dessous), dont une strophe fut récitée à l'Assemblée par la garde des Sceaux. Ses paroles prennent la forme de rondes insomniaques au cours desquelles le poème semble tournoyer sur lui-même jusqu’à épuisement de la parole – « Des nuits sans nom/des nuits sans lune/la peine qui m’habite/m’oppresse/la peine qui m’habite/m’étouffe » –, une parole qui se fait obsessive telle une rengaine, un refrain que l’on ressasse comme seul remède à la dépression, à la disparition. pour en faire des bougies pour leur église Charte de modération (Névralgies, « Quand malgré moi »). C’est un des exercices clés du bac de français.. Une explication linéaire ou commentaire linéaire est l’étude d’un texte ligne par ligne, en suivant son mouvement, sa composition. Mais Cloche ne pouvait plus remuer, il essaya bien de se hisser sur ses pieux, il n'y parvint point. Et le poème déroule en effet sa trame – son drame – aux rythmes de ses répétitions, variations, bifurcations, retours, à la fois endroit et envers, toujours en mouvement, toujours en quête de lui-même, traçant, cherchant son chemin, sa voie, son rêve en-dedans, sans y fixer de point final. de vouloir vous en bouffer du nègre Analyse Guy de Maupassant « Le Gueux » Comme dans les nouvelles « Aux champs » et « L’Aveugle », Maupassant présente la misère et la souffrance d’un individu et la noirceur de l’âme humaine. Puis on le mène, pâle, vers l’échafaud. La forme itérative n’est pas simple insistance, elle révèle le poème en train, telle une itinérance qui se trace sous les yeux du lecteur, vivant le poème dans son œuvre, dans son ouvrage, fait de détours et d’avancées. Le poète creuse ce lieu dans le poème, allées traversières percées dans le mur du réel, dans la façade des lieux communs. L’obsession du poème devient alors résistance face à l’obsession névrotique, face à la névralgie d’une réalité douloureuse, abêtissante et annihilante. Famille pauvre, devient très vite vagabond. Poète fondateur de la Négritude aux côtés du Martiniquais Aimé Césaire et du Sénégalais Léopold Sedar Senghor, Léon-Gontran Damas, Guyanais, demeure encore méconnu quoique Christiane Taubira ait fait résonner les vers de Black-Label cités ci-dessus en pleine Assemblée nationale pour fustiger les inégalités civiques lors du débat autour du « mariage pour tous ». Les poèmes de Damas n’ont de cesse de déconstruire le discours occidental borné et péremptoire, opposant le rien libertaire au tout totalitaire, mais cette confrontation pourrait s’avérer vaine, nihiliste, inconstructive s’ils ne formulaient pas également un autre mode d’énonciation de soi. disposer d'un compte en ligne sur LePoint.fr et bien avoir renseigné vos numéro d'abonné, code Mais il s’agit moins de recommencer à dire postal et pays dans les paramètres de ce compte. Et le corps-voix féminin rencontré « face à face au carrefour », « à même la piste enduite/et patinée de steps/de stomps/de slows/de songs/de sons/de blues », dans le bruit du monde, dans la voix du « je », scande son nouvel arrimage. Les poèmes ressassent le manque affectif, le besoin incommensurable d’amour, toujours inassouvi, toujours décalé, toujours manqué. Politique de protection des données à caractère personnel Impossible de partager les articles de votre blog par e-mail. C’est une poésie en acte, jouant son éternel commencement. Le poète se fait trouvère ou troubadour des temps modernes : c’est un faiseur de vers, un arpenteur de mots, un trouveur. Il donne pour les pauvres sa dernière pièce et meurt la tête tranchée. Appuyez sur Esc pour annuler. citez-m’en un Sphère intime et vécu collectif se rejoignent à travers la dramaturgie d’un « je » sans traits distinctifs sinon sa négritude, négritude énoncée comme une impossibilité à être, à surgir de soi-même dans une société stigmatisante et oppressive, ce qui est le propre de tout individu marginalisé : pourquoi depuis toujours que de continuer à être La poésie dit les ravages invisibles du colonialisme – corps et esprit colonisés, occupés de l’intérieur – qui fracture l’identité, démantèle le corps. Il rêve la chute de ce monde totalitaire dans un cri à la fois plaintif et aigu, lamento aux accents anarchistes : plaise à mon cœur Le « je » du poète est cet être privé de lui-même, « l’autre moi-même » à jamais ravi comme l’est la sœur jumelle de Damas, enfant morte-née devenu empreinte, trace d’une présence perdue. Victor Hugo — Extrait de Claude Gueux. Politique cookies UN POEME POUR SÛR S’EN PASSE VOLONTIERS murs bleus Veuillez saisir l'adresse mail qui a servi à créer votre compte LePoint.fr, Merci d'avoir partagé cet article avec vos amis. pas de midi qui tienne Les faits historiques, la violence de la traite, l’esclavagisme ne sont pas de simples faits passés dont la mémoire serait activée par la commémoration. ni jo Dans une société occidentale vérolée de l’intérieur par une idéologie ségrégationniste qui a engendré colonialisme, racisme et fascisme, Damas entend briser les carcans et valeurs traditionnelles d’une civilisation dégénérée dont il accuse l’indécence, et plus exactement la « pornographie », dévoilant l’image obscène, immonde d’une histoire à répétitions que vient justifier et recouvrir le masque respectable d’une bonne morale chrétienne : bientôt cette idée leur viendra